Ta thyroïde est fainéante ||| Ta thyroïde est belle
Une décennie de guérison
C’était un véritable cataclysme de mauvaises nouvelles. La santé qui partait à vau-l’eau, l’univers qui m’envoyaient maints signaux que je ne voulais, saurais écouter. J’avais décidé de partir et rien ne m’arrêterait. Rien ne m’arrêta.
7 Septembre 2013. Je boîte jusqu’à l'aéroport de Bordeaux et je visite l’Islande - la première destination de mon tour du monde - en tongs, un orteil en carafe bandé, libre des chaussures de randonnée. Au bal des adieux, ma soeur est enceinte, ma mère est malade, mais l’on n’en connaît pas encore la gravité. J’ai ma première boîte de prescription de Levothyrox dans le sac à dos, à tester, et une ordonnance pour une prise de sang pour vérifier que ma thyroïde réagit comme il se doit au traitement. Ma thyroïde s’est déclarée fainéante à la veille de mon grand départ en tour du monde.
Aux États-Unis, je boitille de ville en ville, le climat chaud ne semblant pas faciliter la cicatrisation de mon orteil après sa chirurgie. À Bogota, une jeune femme, bonne samaritaine, m’accompagne dans le dédale du Transmilenio jusqu’à l’hôpital français, où je reçois des soins pour mon orteil, où je fais aussi une prise de sang pour m’assurer que je peux continuer le dosage du médicament pour la suite de mon tour du monde. Une autre prise de sang, à Ushuaïa, au bout du monde, cette fois-ci en espagnol, dans l’incompréhension de pourquoi je suis là, autant de ma part, que de celle des infirmiers. Mais tout est en ordre, je peux continuer ainsi, le médicament fera l’affaire, pendant encore bien des années.
En 2015, j’écris un article sur Voyager avec des problèmes de santé, puis deux ans plus tard, sur Comment garder la forme en voyage?
Au moment de cette affirmation de soi, de rêve, que constituait ce grand voyage, de cette fuite de la réalité également, de ces premiers pas tout à la fois timides et impétueux, prémices d’une nouvelle réalité qui prendrait une décennie à s’amorcer, s’amonceler, le verdict était tombé, dans mon incompréhension totale. À 26 ans, une hypothyroïdie chronique me forcerait à prendre un médicament quotidien toute ma vie. Il n’y avait pas de raisons, pas d’explications, pas de solutions, pas de bouées, mais seulement un pansement à avaler pour garder sous silence cette maladie, cette voix qui plus fort, plus haut voulait hurler. Au moment de l’annonce, déjà mon corps ne voulait pas prendre ce médicament, et j’étais convaincue que cela n’avait aucun sens, que ce n’était pas normal, mais je n’avais ni les connaissances, ni la conscience, ni la force, ni le temps d’envisager autre chose. Je partais en tour du monde et tourner autour de la planète deviendrait une priorité dans les années à venir, faisant de mes bilans de santé un point d’escale annuel, de passage, entre parenthèses, quelque chose qui ne m’empêcherait pas de Faire, quoiqu’il arrive, quoiqu’il en coûte.
Il y a un hôpital, que jamais je ne visiterai, celui où ma maman a lutté contre le cancer et est décédée, celui qui m’a rappelée à l’ordre, au coeur, à la maison, le temps d’un court mois.
Et déjà, j’étais repartie. J’ai vogué, j’ai flotté, j’ai navigué, j’ai parcouru le monde et petit à petit, j’ai pris la voie de ma guérison, un chemin qui serait long, jonché d’obstacles, de détours et d’allers-retours, un chemin qui, je n’en avais pas conscience alors, me mènerait à guérir mon hypothyroïdie onze ans plus tard.
Il y a eu cette intolérance, cette intoxication au sodium de glutamate, qui souvent m’envoyait en malaises, et ces autres maladies et maux incompréhensibles, qui me tombaient dessus, allaient et venaient de manière encore plus incompréhensible. Et puis, il y a eu cette blessure au dos, celle qui dans la seconde où elle me faisait ployer en deux, je me suis crue brisée, partie, à jamais disparue. En Thaïlande, à Chiang Mai, je fais une radio du dos et le médecin ne voit aucun inconvénient à ce que je prenne l’avion pour rentrer en France. Pourtant, je suis restée alitée une semaine et j’ai du mal à marcher. En France, non plus, la médecine ne voit rien, et pourtant, je mets huit mois à reprendre mes habitudes de randonnées, les douleurs venant régulièrement m’assaillir, me saisir.
Jusqu’à ce qu’un jour, enfin, il soit temps de travailler sur la source du problème, et non plus sur les simples symptômes.
C’est d’innombrables petits pas, souvent inconscients, qui m’emmène là où je dois être pour avancer sur mon propre chemin de guérison. Il n’y a pas de solutions miracles, mais une constante recherche de sens, de bien-être, de mission de vie, de santé, puis de guérison. Les noeuds se dénouent, ils se mélangent et se renouent parfois. Je comprends, puis parfois je ne comprends plus rien, pour mieux vivre les réponses et le sens au niveau cellulaire, mais petit à petit, je reprends ma souveraineté en main, ma voix, mon pouvoir décisionnel, ma puissance intuitive, et les cailloux de ma guérison s’essaiment jusqu’à la fin du parcours, de ce niveau de spirale, avant peut-être le suivant.
Je suis devenue végétarienne, puis vegan, j’ai repris le sport, j’ai arrêté la pilule, j’ai fait une thérapie, j’ai “nettoyé” mon environnement, je me suis reconnectée à moi-même, à ma sagesse intérieure, à ma voix intérieure, puis j’ai appris petit à petit à la porter plus haute, plus forte, plus vraie. Je me suis connectée à l’intuition, et j’ai commencé à faire un travail de guérison sur mon chakra de la gorge, signifiant l’affirmation de mon expression personnelle et l’arrêt du people-pleasing. Après de nombreuses pratiques somatiques, intuitives et spirituelles, j’ai commencé à ressentir, à savoir que j’étais guérie, que je n’avais plus d’hypothyroïdie et que je voulais arrêter mon médicament. C’est alors que j’ai entamé la démarche de réclamation de ma santé, d’arrêt du fameux médicament, qui a sans aucun doute été facilité par l’ouverture des médecins en Écosse. Ils m’ont laissée faire, ont bien voulu tenter l’expérience avec moi, ils m’ont écoutée, j’ai été entendue. Nous avons fais des tests et j’ai arrêté le médicament. J’ai fait de nouvelles prises de sang. En apparence, j’étais guérie. Je le sentais aussi, mais mon rationnel avait besoin de preuves.
Entre temps, avec le travail énergétique de mon ostéopathe, puis en recevant ma première cérémonie de recouvrement d’âme dans le cadre de ma formation chamanique, je comprenais ce qui s’était passé lors de mon accident au dos en Thaïlande, une expérience de mort imminente, une volonté de mon âme de partir, de mon corps de ne plus voyager et vagabonder, d’apprendre à retrouver ancrage, au moins pour un temps. Il m’aura fallut du temps pour entendre le message. Mais me voilà, un an et demi après cette première cérémonie chamanique, et mon dos, mon ossature ne m’ont plus empêchée de marcher, de vivre, de faire du sport comme je l’entends. Le message de mon corps a été entendu, écouté, guéri et je tiens haut le gouvernail de ma guérison, de mon corps, de ma voix. Je sais entendre ses messages, ajuster, faire, le défendre, le protéger.
Mon initiation chamanique terminée, il me restait un examen à faire, une échographie pour me prouver que tout allait bien.
“Ta thyroïde est belle!” me dit le radiologue.
Le cycle est bouclé. Je peux désormais avancer avec confiance vers de nouveaux horizons, en paix, à l’écoute, prête enfin à porter une voix plus forte, de reconnection à nos corps, nos coeurs et nos âmes, pour une meilleure harmonie avec soi-même, dans nos communautés et avec le monde.
La guérison n’est pas un point final, mais un recommencement, et j’espère apporter ma pierre, ma voix, à l’édifice de nos nouveaux mondes.
Avec toutes mes amitiés et ma gratitude,
Lucie A.
(PS: ceci est mon histoire et mon chemin de guérison. Nous avons tous.tes les nôtres et il n’y a jamais de solutions miracle ou toutes faites, et je conçois le travail énergétique en soutien de la médecine et psychothérapie quand nous y sommes prêt.es.)
Si tu veux en savoir plus sur ce chemin de guérison, sur l’intuition comme outil de reconnection et de guidance, je t’invite à découvrir mon livre, L’Envol, un mémoire intuitif.
Si tu souhaites être accompagné.e dans tous parcours de guérison, j’offre des cérémonies de guérison chamanique à Édimbourg, ponctuellement en France et en ligne.